Laurent Gorgiard réalisait des films d'animation depuis 1993. Le court métrage L'Homme aux bras ballants, prix spécial du jury au Festival d'Annecy 1998, la série Court-circuit ou le clip La Plume pour le groupe Louise Attaque, sont toujours diffusés à travers le monde. Laurent a quitté les sentiers buissonniers qu'il appréciait tant, en août 2003. Il avait 38 ans, deux petites filles et de nouveaux films au bout des doigts.
Laurent avait un rapport particulier à Annecy. Comme tous les réalisateurs, il rêvait de présenter un film au Festival, ce n'était toutefois pas le seul lien qu'il entretenait avec la ville. Quand il a décidé d'adapter la nouvelle illustrée L'Homme aux bras ballants , il a découvert que son auteur, Gilles Gozzer, vivait à Annecy-le-Vieux. Mais de Rennes à Annecy, il y avait une belle distance à parcourir. Alors, pour leur première rencontre, Laurent et Gilles ont décidé de se rejoindre à Paris, dans un bistrot de Montparnasse. Laurent n'envisageait pas de tourner son film sans avoir l'aval de Gozzer.
C'est à cette occasion qu'il lui a présenté, inquiet, une première version du storyboard. Et Gilles, calmement, lui a expliqué qu'il trouvait son adaptation trop lourde. Il n'y retrouvait pas L'Albatros , le poème de Baudelaire qui avait inspiré son récit. Laurent reprit le train et, sur le chemin du retour, il réécrivit son scénario. L'idée de l'ombre, le double en apesanteur du personnage, le "ballant" comme il l'appelait, était né de cette rencontre.
Plus d'un an après l'échange au bistrot de Montparnasse, Laurent et Gilles se sont retrouvés à Annecy pour le Festival, où L'Homme aux bras ballants était en compétition. Laurent avait du mal à y croire et Gilles était heureux que le film soit projeté dans sa ville. Et puis, ce fut le soir de la remise des prix. Laurent a respiré bien fort. Il a tendu les muscles, il n'a pas vraiment compris, il s'est envolé… (via)
"L'homme aux bras ballants" (1997)
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1 comentario:
Laurent a été comme un grand frère à l'époque où nous nous sommes connus. J'avais 13 ans, lui 15, c'était aux éclaireurs de France (scoutisme laïque).Sans ambiguité sexuelle, je le précise, j'avais enfin trouvé un grand frère "d'adoption". Je pense qu'il était sincère dans sa façon de m'apprécier, de me soutenir. Il est fort possible qu'il n'ait jamais su à quel point il m'a donnée la force de tomber plus bas. Je crois que je donnais le change en semblant aller toujours bien. Laurent déjà dessinait beaucoup. Je garde en tête, lors d'un camp de ski, un dessin, au bic, sur une feuille glanée, d'un truc assez tortueux. A ma demande, il me l'a donné, zut, je ne l'ai plus... Je passe sur beaucoup d'anecdotes qui reflèterons toujours, dans mon coeur, la Belle personne qu'il était.. Quelques années ont passé, il m'a confiée certaines choses de sa vie, des choses plus intimes. J'avais "grandi", je pouvais mieux comprendre. Et puis, il est parti à Paris, j'ai encore une de ses lettres. Il me confie alors qu'il vient de s'acheter sa première caméra et qu'il culpabilise car il est au RMI. Quelques temps ensuite, il m'invite, chez son Papa et me montre son premier grand projet (le manège infernal, je crois). Je trouvais ça très cool, mais, je pense que mon plaisir était surtout de revoir mon poto. Je me souvient très bien de comment il était fier de parler de sa grand-mère en 4L etc... Un vrai moment de non jugement, d'amitié, je le sais vraie. Et puis, quelques petites années sont passée. Il est s'est installé dans mon quartier. De mon côté, ma vie avait changé aussi. J'avais toujours plaisir à le croiser sans rien savoir de comment avançaient son avenir artistique. Le savoir m'aurais rendu encore plus heureuse pour lui. Mais, le virage de ma vie m'avait rendue honteuse face à des amis qui semblaient réussir. Laurent a essayé de me tendre quelques perches, je les ai fuit, il avait sa vie, il n'avait aucune raison d'en faire plus. De toutes façons, il n'était pas dans ma tête pour comprendre mes détresses. La dernière fois que je l'ai croisé, il avait, dans son porte-bébé, la petite Vi.....e. Et puis, par une amie, j'ai appris son grand départ. Je n'ose imaginer ce choc pour les amis présents autour d'un repas au restaurant place Sainte-Anne. Je n'étais pas présente au obsèques mais j'ai chialé, et il m'arrive encore, comme là de chialer. Ce sont juste mes émotions qui débordent car je ne mesurerai jamais ma chance d'avoir croisé la route de Laurent. Merci l'Ami, mon grand frangin de coeur, toi si sensible et si humain d'avoir existé.
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